Droits d'importation de 100 % sur les produits pharmaceutiques

Le prochain virage de Donald Trump

Les produits pharmaceutiques brevetés seront taxés à 100 % à l'importation, sauf si l'entreprise construit une usine aux États-Unis. C'est ce qu'a déclaré le président américain Donald Trump sur sa plateforme de médias sociaux Truth Social.

Filip Ceulemans

Quelques jours après avoir opéré un virage à 180 degrés sur la guerre en Ukraine, le président américain Donald Trump opère également un virage à 180 degrés sur les taxes à l'importation de produits pharmaceutiques. Au début du mois, les États-Unis et l'Union européenne sont parvenus à un accord sur une taxe de 15 % sur les médicaments. Déjà à l'époque, on craignait que le président américain, inconstant, ne s'en tienne pas à l'accord. Moins d'un mois plus tard, le moment est venu.

Premier coup de bêche

"À partir du 1er octobre, nous imposerons un droit d'importation de 100 % sur tout produit pharmaceutique breveté, à moins que l'entreprise ne construise une nouvelle usine de fabrication de produits pharmaceutiques aux États-Unis", a-t-il déclaré. L'expression "est en construction" est définie comme "un premier coup de bêche" et/ou "en cours de construction". Il n'y aura pas de prélèvement lorsque les travaux de construction auront commencé", précise le message de M. Trump.

Par l'intermédiaire de son porte-parole Gert Verreth, la fédération sectorielle Essencia a réagi avec surprise. "Cette annonce va à l'encontre de l'accord conclu entre l'UE et les États-Unis. Celui-ci stipule que si des droits de douane doivent être appliqués aux produits pharmaceutiques, ils ne doivent pas dépasser 15 %.

Ces 15 % représentaient déjà une augmentation considérable par rapport aux droits de douane nuls qui existaient jusqu'à présent pour les produits pharmaceutiques. Essencia considère la nouvelle décision de Trump comme une guerre commerciale contre les patients et la juge inacceptable. Par conséquent, elle attend également une réponse rapide et appropriée de la part de l'Union européenne, qui voit l'accord qui venait d'être conclu rompu.

Inquiétude

"Ce n'est évidemment pas une bonne nouvelle", déclare David Gering, porte-parole de pharma.be."Pour l'instant, il y a surtout de l'incertitude parce que la mesure annoncée n'est pas très claire. Mais il y a aussi des inquiétudes. Pour l'instant, nos entreprises souhaitent surtout plus de clarté. Il n'est pas possible d'estimer l'impact sur notre pays en raison du manque de clarté."

Il est clair que l'impact sur l'industrie pharmaceutique de notre pays pourrait être énorme. Le secteur pharmaceutique représente plus de la moitié des exportations de la Belgique et un quart des exportations pharmaceutiques belges sont destinées aux États-Unis. Il est actuellement difficile d'estimer l'impact réel sur l'industrie pharmaceutique. En tout état de cause, les bourses asiatiques ont immédiatement réagi de manière très négative. Les actions pharmaceutiques y ont chuté de 2 à 5 %.

Réaction de l'UE

Dans une première réaction, le porte-parole de la Commission, Olof Gill, déclare qu’il ne peut être porté atteinte au tarif convenu de 15 %. « Le plafond clair et global de 15 % doit garantir qu’aucun montant d’importation plus élevé ne soit appliqué aux exportations européennes », a précisé Gill. Reste à voir si Donald Trump partage cette vision. À coup sûr, la suite au prochain épisode.