L’APB et l'Ophaco tirent la sonnette d’alarme auprès de Frank Vandenbroucke
Au vu de la réforme des soins de santé et des économies annoncées pour 2026 (l’accord fédéral de l’été), le président de l’APB, Koen Straetmans, s'est entretenu d'urgence avec le ministre Frank Vandenbroucke mercredi dernier. Son message était clair : notre secteur ne doit pas payer les pots cassés. Les pharmaciens sont tenus partiellement responsables de l'augmentation des dépenses alors qu'ils n’ont aucune influence sur le nombre ou le prix des médicaments prescrits. L’APB et l'Ophaco veulent considérablement limiter l'impact sur les pharmaciens. En tant que représentants des pharmaciens, nous poursuivrons les discussions en ce sens avec le ministre, après la pause estivale politique.

La proposition globale prévoit 907 millions d'euros d'économies dans les soins de santé, dont 275 millions dans le budget des médicaments. Si l’industrie pharmaceutique, les hôpitaux et les médecins en supporteront la majeure partie, les pharmaciens d’officine devront également contribuer : 20 millions d’euros d’économies directes, dont 8 millions seraient "réinvestis" dans le projet de délivrance d’antibiotiques à l’unité. Cela représente donc une économie nette de 12 millions d’euros à notre charge.
Les pharmaciens ne sont pas la cause du problème
L’APB et l'Ophaco insistent sur la nécessité d'adapter ces mesures. En effet, les pharmaciens ne prescrivent pas les médicaments et n’ont donc aucune influence sur le volume ou le prix des prescriptions. Pourtant, ils subissent un impact financier direct. Lors de son entretien avec le ministre, le président de l’APB, Koen Straetmans, a insisté sur le fait que la solution passe par :
- une prescription plus efficace et correcte par les médecins;
- la lutte contre la surconsommation et les abus;
- une approche structurelle des causes du dépassement budgétaire.
Nous continuerons à faire pression
Après la pause estivale, plusieurs pistes seront explorées pour limiter l’impact sur les pharmaciens. L’APB prévoit notamment de :
- plaider pour une prise en compte de l'impact indirect sur les pharmaciens lors de l'adoption d'autres mesures dans le cadre du budget des médicaments, comme les baisses de prix;
- suivre de près les estimations techniques de l’INAMI en septembre;
- veiller à une approche équilibrée, afin que la croissance du secteur ne soit pas injustement freinée;
- reprendre les discussions avec le ministre Frank Vandenbroucke et son cabinet début septembre pour assurer un suivi et obtenir davantage de garanties en vue de l’élaboration finale du budget 2026.
La délivrance d'antibiotiques à l’unité demande des efforts supplémentaires
Bien que les 8 millions d’euros alloués à la délivrance d'antibiotiques à l’unité puissent sembler être un retour sur investissement, il ne s’agit pas, en pratique, d’un véritable soutien au secteur. Il est donc tout à fait compréhensible que les pharmaciens ne montrent que peu d'enthousiasme. Le système demande en effet plus de travail et de temps que la délivrance d’un conditionnement complet. De nombreux pharmaciens ont également investi dans la robotisation pour la délivrance de médicaments, afin de pouvoir consacrer plus de temps au patient. L’APB plaide donc pour davantage d’autonomie et de responsabilité, afin que les pharmaciens puissent s’écarter légèrement de la durée de traitement prescrite. (Délivrer un comprimé de plus avec un conditionnement est très différent d'en délivrer 10 supplémentaires). L’APB rencontrera à nouveau le cabinet du ministre pour discuter de ce point. L’objectif est de limiter l’impact de cette mesure en restreignant son applicabilité à un maximum de 25% des délivrances. Selon les premières estimations, cela permettrait de continuer à délivrer un conditionnement complet dans 75% des cas.
En outre, ces conditions préalables, ainsi que la rémunération supplémentaire liée à cette charge de travail additionnelle, ne sont pas encore concrètement définies. De quoi créer une incertitude supplémentaire. L’APB attend donc des garanties que les efforts des pharmaciens soient justement rémunérés. Elle veillera à ce que ce dossier soit mis en œuvre efficacement, avec le soutien et l’autonomie nécessaires à chaque pharmacien.
Message clair
L’APB ne peut pas accepter ces mesures d'économies sans réagir. Nous restons déterminés à défendre vos intérêts. Nous continuerons à plaider pour des mesures structurelles ciblant les véritables causes du dépassement budgétaire afin que vous ne soyez pas pénalisés pour des problèmes dont vous n'êtes pas responsables. Le ministre s'est montré à l'écoute et a promis son engagement.
Enfin, la mise en œuvre de l'accord de coalition a également été abordée. Elle devrait offrir, dans un avenir proche, de nouvelles opportunités pour les pharmaciens, notamment en matière de dépistage précoce et d’élargissement de la vaccination, comme nous l’avons déjà évoqué dans l'APBnews. À suivre…