Tiendrait-on la dernière pièce
d'une stratégie vaccinale complète ?

Grippe, covid, pneumocoque, zona ou encore VRS : jamais l’arsenal vaccinal destiné aux adultes n’a été aussi riche. Pourtant, notre politique reste construite comme si seuls les enfants nécessitaient un calendrier vaccinal structuré. Chaque hiver, on continue d'enregistrer des centaines de milliers d'infections et de nombreuses hospitalisations évitables, en particulier chez les plus de 65 ans.
Ce numéro du Pharmacien montre deux réalités qui progressent côte à côte. D'un côté, le rôle vaccinal du pharmacien sort enfin du provisoire. La possibilité d’administrer le vaccin antigrippal en officine est désormais ancrée dans la loi, après deux saisons où plus d’un quart des vaccins ont déjà été injectés derrière vos comptoirs. Dans plus de deux tiers des pharmacies, la formation, le matériel, les procédures d’urgence et l'enregistrement numérique font désormais partie du quotidien... sans différence de remboursement pour le patient par rapport à l’acte médical !
De l’autre côté, les signaux se multiplient pour réclamer une vraie stratégie vaccinale pour l’adulte et le senior. Les enquêtes révèlent une confiance élevée dans les vaccins, mais aussi une méconnaissance frappante des nouveautés comme le RSV ou le zona, et une communication parfois trop tardive, comme on l’a vu pour les vaccins renforcés contre la grippe.
Montrez que l'injection en officine n’est pas une faveur accordée à la profession, mais une pièce de la politique de prévention.
Entre ces deux réalités, le pharmacien est au premier rang. Accessible, formé, connecté à des outils comme Vaccinnet aujourd’hui et la future « vaccicard » wallonne demain, il est à une place idéale pour transformer une offre fragmentée en parcours cohérent : vérifier les antécédents, repérer les trous dans la couverture, proposer le bon vaccin au bon moment, en concertation avec le médecin généraliste, et en tenant compte de la capacité réelle des patients à se déplacer, comprendre et accepter.
À vous, pharmaciens, de montrer que l'injection en officine n’est pas une faveur accordée à la profession, mais une pièce maîtresse d’une politique de prévention repensée – pour autant que les autorités acceptent de passer du slogan à l’organisation concrète.