Migraine chez la femme enceinte, l'arrêt des triptans est-il justifié ?

La migraine touche fréquemment les femmes en âge de procréer et les triptans sont largement utilisés pour en atténuer les profonds désagréments, y compris par des femmes enceintes (prévalence d'usage estimée de 10 à 25%), en dépit des recommandations d'en suspendre l'usage, certaines données (par exemple L10.1111/ppe.12253 et 10.1136/bmjopen-2016-011971) ayant suggéré que cela pouvait avoir une influence délétère sur le développement neurocomportemental des enfants (trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité, TDAH).
Un travail norvégien ayant porté sur 10.167 enfants nés de mère migraineuse et suivis en moyenne pendant 10,6±2,2 ans, apporte des résultats très rassurants.
Dans ce travail, les enfants exposés (auto-déclaration maternelle de l'utilisation de triptans pendant la grossesse) ont été comparés à 2 groupes d'enfants non exposés dont les mères avaient signalé des migraines pendant leur grossesse ou avant leur grossesse uniquement.
Les résultats montrent que les enfants exposés en prénatal aux triptans n'ont pas de risque (IC 95%) significativement accru de TDAH (diagnostic médical ou preuve de la délivrance de médicaments appropriés) par rapport aux enfants non exposés:
• ni ceux dont les mères avaient eu des migraines pendant leur grossesse, HR pondéré 1,16 (0,78-1,74),
• ni ceux dont les mères avaient eu des migraines seulement avant leur grossesse, HR pondéré 1,28 (0,84-1,94).
Pas non plus de différence entre les enfants exposés et non exposés en termes de scores des symptômes du TDAH (évaluation à l'âge de 5 ans à partir d'une sélection de 12 items d'un questionnaire dédié et couvrant l'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité qui sont considérées comme des prédicteurs précoces d'un diagnostic ultérieur de TDAH).
Au total des résultats suggérant une absence de surcroît de risque de TDAH associé à une exposition prénatale aux triptans, une bonne nouvelle pour les futures mères migraineuses.