Les 15-24 ans passent en moyenne 7h42 par jour devant un écran

Les écrans occupent une place toujours plus importante dans notre quotidien, or l'on sait que leur utilisation excessive peut s'avérer délétère pour le cerveau et pour la santé mentale. Pour la première fois, Sciensano a posé la question dans le cadre de sa dernière Enquête nationale de santé. Les résultats sont édifiants: un jeune Belge peut passer près de 8h les yeux rivés à un écran !
C.Vrayenne
Pour peaufiner leur analyse du temps passé sur les écrans, les experts de Sciensano ont isolé quatre activités en particulier : regarder la TV, des films, divertissements ou vidéos, jouer, surfer sur les réseaux sociaux (RS) ou recourir à internet à d'autres fins que celles précitées. Une utilisation est considérée comme "intensive" à partir de 2h par jour.
En moyenne, les Belges de 15 ans et plus consacrent chaque jour aux écrans 5h39 de leur temps libre. Les hommes un peu plus que les femmes, et les jeunes (15-24 ans) beaucoup plus: 7h42 minutes par jour (contre 6h10 chez les 25-34 ans). Le niveau d'éducation, comme souvent dans plusieurs autres domaines de l'Enquête de santé, impacte le temps passé devant un écran: plus on est diplômé, moins on y consacre de son temps libre (mais ce temps demeure toutefois élevé de manière générale, NdlR) : 5h18 pour un diplômé du supérieur, 6h02 avec le CESS et 6h13 sans CESS.
Les RS chez les jeunes, TV et vidéos pour les moins jeunes
Regarder des vidéos ou la TV occupe le haut du podium: 70% des Belges y passent au moins 2h/jour (l'intensité augmente à partir de 45 ans). Les réseaux sociaux captent aussi au moins 2h du temps de 29% des sondés (moins âgés et plus souvent masculins). Suivent le recours à internet (22%) et les jeux vidéo (10% - surtout les plus jeunes, et de manière intensive). L'usage intensif, de manière générale, est moins fréquent parmi les sondés ayant un niveau d’éducation élevé.
Sciensano attire toutefois l'attention sur la prudence à garder face à ces chiffres. Si d'autres enquêtes (Belhealth et consommation alimentaire) ont montré des durées semblables, elles peuvent ici être surestimées par les personnes interviewées ou se chevaucher avec d'autres activités (swiper sur les RS tout en regardant un film sur un autre écran, par exemple, ou regarder des vidéos sur les RS, notamment du divertissement sur TikTok).

Au niveau régional, pas de disparités, les temps moyen devant un écran sont quasi à égalité: 5h37 au nord du pays, 5h43 au sud et 5h40 à Bruxelles. Les jeux vidéo occupent cependant davantage les Wallons (15% y passent plus de 2h) que les Flamands (8%). Les réseaux sociaux (de manière intensive) un peu plus aussi: 33% des Wallons, contre 27% des Flamands.
Troubles émotionnels
Le mois dernier, une méta-analyse compilant plus d'une centaine d'études représentant près de 300.000 enfants, parue dans Psychological Bulletin de l'American psychological association (APA), montrait que l’utilisation des écrans peut contribuer à des problèmes socio-émotionnels, et que les enfants qui souffrent de ce genre de problèmes sont plus susceptibles d’utiliser les écrans comme mécanisme d’adaptation. Une exposition intensive chez un enfant de 5 ans lui fait courir davantage de risques de souffrir, deux ans plus tard, de symptômes d’anxiété, de tristesse, d’agressivité, de troubles de l’attention ou d'une faible estime de soi.
"Les effets semblent plus marqués pour les jeux vidéo", soulignent les chercheurs. "Ces liens soulignent la nécessité d’une attention particulière de la part des parents, des chercheurs et des décideurs politiques. Nos résultats appuient les recommandations sur le temps d’écran, pas seulement à la durée d’exposition, mais également la qualité du contenu et un contexte social positif. Les parents devraient envisager de surveiller non seulement combien de temps leurs enfants passent devant les écrans, mais aussi ce qu’ils y font et avec qui ils interagissent."
Quelques podcasts à écouter sur la question :
L'impact des écrans (Radio France)
Servane Mouton, « Ecrans, un désastre sanitaire » (RTBF)
Ecrans, un désastre sanitaire ? (RTBF)