Ordonnance pour la démocratie

Début mars, au Sénat français, un médecin a dressé un portrait au vitriol des États-Unis. "Washington est devenu la cour de Néron. Un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l'épuration de la fonction publique." Ce discours - largement repris dans les médias et sur les réseaux sociaux outre-Atlantique -, c'est celui de Claude Malhuret, élu Horizons de l'Allier et président du groupe "Les Indépendants" au Sénat. Un médecin épidémiologiste qui fut président de Médecins sans frontières, et qui a cofondé le site Doctissimo avec le Dr Laurent Alexandre.
Il fait partie de ces médecins qui s'élèvent contre la politique trumpiste, et il est loin d'être le seul. Aux États-Unis aussi, colère et inquiétude gagnent le corps médical, qui manifeste dans les "town hall", réunions publiques où les citoyens affectés par la politique menée par Trump et le Doge expriment leurs inquiétudes. C'est le cas du Dr Steven Brown, médecin de famille, inquiet des répercussions des coupes budgétaires dans Medicaid, le programme d'assurance maladie public destiné aux personnes à faibles revenus. "Je me suis senti obligé de prendre la parole pour mes patients, les personnes les plus vulnérables. (...) Je pense que c'est ma responsabilité, en tant que médecin, de représenter mes patients de cette manière." Et d'exprimer, sur la chaîne MSNBC, l'état d'inquiétude de nombreux Étasuniens: "Je pense que nous essayons tous de comprendre la situation, mais j'ai l'impression qu'il y a du regret, c'est certain."
"Un clown qui rentre dans un palais ne devient pas un sultan, c'est le palais qui devient un cirque", dit un proverbe turc. Une vérité cruelle que l'on observe chaque fois qu'un poste prestigieux échoit à quelqu'un qui en est indigne. Plutôt que d'élever l'individu, c'est l'institution elle-même qui s'effrite, fragilisée et vidée de sa substance. Reste à trouver une ordonnance pour guérir une démocratie en souffrance.