
La pharmacie aux portes du soleil
Même s’il faut y penser toute l’année, se protéger du soleil est un impératif en été. Les conseils à donner aux patients seront prochainement adaptés parce que la Commission européenne est en train de revoir ses recommandations pour améliorer les informations sur l’efficacité des produits de protection solaire.
Le soleil est bien sûr un allié puisqu’il stimule la production de sérotonine et de vitamine D, néanmoins il convient aussi de s’en protéger. « Toute exposition aux UV endommage notre ADN », rappelle la Fondation contre le cancer [1]. Les UVB sont responsables des coups de soleil et les UVA du vieillissement cutané et des allergies solaires. L’excès d’exposition à ces deux types d’UV est la principale cause de survenue des cancers cutanés, raison pour laquelle il faut veiller à la photoprotection tout au long de la vie.
Notre organisme n’est cependant pas totalement désarmé pour lutter contre ces UV. « La mélanine permet d’arrêter une partie des rayons du soleil, elle absorbe les photons et disperse leur énergie sous forme de chaleur et capte les radicaux libres, formés par cette réaction. Ainsi, la pigmentation naturelle est le facteur essentiel des capacités spontanées de protection contre les rayons UV. C’est pourquoi les cancers de la peau prédominent chez les sujets blancs à la peau claire, vivant au soleil », indique la Société Française de Dermatologie [2].
Sans oublier les antioxydants (vitamine E, vitamine C) et les caroténoïdes (dans les fruits et légumes de couleur rouge) qui peuvent aussi protéger contre les méfaits du soleil.
Dès l’indice UV 3, je me protège
La photoprotection est un enjeu de santé publique, on estime en effet que plus de 80% des cancers de la peau sont liés à une exposition excessive au soleil. Elle repose sur trois conseils clés : rester à l’ombre de 12h à 15-16h, couvrir sa peau avec des vêtements, un chapeau à bords larges et des lunettes de soleil et appliquer une crème solaire toutes les 2 heures (minimum facteur 30, idéalement 50).
Si c’est un passage obligé lors des vacances au ski ou en été, il faut se méfier du soleil toute l’année, même à la maison et pour toutes les activités extérieures. Un bon réflexe à adopter est de suivre l’évolution de l’indice UV, via les bulletins météo ou l’application SunSmart Global UV. En Belgique, dès le mois de mars, et jusqu’à fin octobre, même par temps nuageux, si l’indice UV est de 3 ou plus, il faut se protéger.
Le pharmacien est un interlocuteur privilégié lorsqu’il s’agit d’acheter une crème solaire. Dans cette optique, il est essentiel d’évaluer le phototype du patient et son historique d’exposition pour lui proposer une protection adaptée : indice FPS, texture, résistance à l’eau, tolérance cutanée…
Choisir une bonne crème solaire est une chose, encore faut-il bien s’en servir. On rappellera les bons gestes : appliquer le produit en quantité suffisante (2 mg/cm²), renouveler l’application toutes les deux heures, après la baignade ou la transpiration, sans oublier les zones sensibles (oreilles, nuque, pieds…). Les spécialistes insistent sur une notion capitale : aucune crème solaire ne protège suffisamment, elle vient toujours en complément des autres mesures telles que l’ombre et les vêtements.
Les spécialistes insistent sur une notion capitale : aucune crème solaire ne protège suffisamment, elle vient toujours en complément des autres mesures telles que l’ombre et les vêtements.
À revoir
Cette question de l’utilisation adéquate des crèmes solaires est au cœur de la révision de la Recommandation européenne qui date de 2006 et qui donne des orientations aux fabricants quant aux informations sur la sécurité et l’efficacité des produits de protection solaire.
Cette révision, lancée par la Commission européenne en juin 2024, vise notamment les allégations d’efficacité de la protection contre les UVA et UVB, les précautions d’emploi et les instructions d’utilisation. Pourquoi ? L’objectif est de mieux orienter le consommateur dans le choix de ces produits et sur la façon de s’en servir. Il s’agit par exemple de distinguer les produits solaires des cosmétiques qui contiennent un filtre solaire. « Ces produits dits ‘de protection solaire secondaires’ peuvent apporter de la confusion quant à leur niveau de protection vis-à-vis des risques associés à une exposition aux UV », explique l’Anses (Agence française de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) [3].
Cette Agence propose également de simplifier l’étiquetage des produits afin qu’ils soient mieux compris par les consommateurs. Elle préconise ainsi de ne plus faire mention du facteur de protection solaire (FPS) qui « engendre une perception biaisée pour comparer la performance de protection contre l’ensemble des rayons UV, alors qu’il ne reflète que la protection vis-à-vis des UVB. » À la place, il conviendrait de parler en termes de protection faible (FPS 15-20), moyenne (FPS 25-30) ou forte (FPS 50 et +), qui intègrent la protection pour les deux types d’UV et qui permettent de centrer l’attention des utilisateurs sur la performance de protection globale. Et ceci, en insistant sur la quantité à appliquer. (Voir ci-contre)
Autre suggestion, interdire les allégations ciblant spécifiquement une protection des bébés et des jeunes enfants, chez qui l’utilisation de ces produits devrait rester une solution de dernier recours.
Le nouveau texte européen devrait paraître fin 2025/début 2026.
Références
1.https://cancer.be/prevention/eviter-l-exces-de-soleil/
2.www.sfdermato.org
3.www.anses.fr
Mettez-en une bonne couche !
L’indice FPS (facteur de protection solaire) indique la quantité de soleil qu’il faudrait recevoir pour attraper un coup de soleil après avoir appliqué la crème. Les tests qui permettent de le déterminer sont effectués en laboratoire sur base de l’application d’une couche épaisse de 2mg de crème par centimètre carré de peau. Or, dans la vie quotidienne, cette quantité ne dépasse généralement pas 1 à 0,7mg/cm². Par conséquent, l’indice réel devrait être divisé par 2 ou 3.
Dans le cadre de la révision de la Recommandation européenne aux industriels, les étiquettes pourraient mentionner clairement les quantités de produit à appliquer. Par exemple, « six cuillers à café de lotion (environ 36g) pour couvrir le corps entier d’un adulte moyen ».
M.V.