« Le pharmacien a toute sa place au sein d'une politique vaccinale moderne et inclusive »
Chaque année, la grippe saisonnière cause des décès, affaiblit nos aînés et met davantage de pression sur nos hôpitaux déjà surchargés. Augmenter la couverture vaccinale est un défi, mais mobiliser pleinement nos pharmacies comme point d’accès pour se faire vacciner peut y contribuer.
Qui dit fin des vacances d’été, dit rentrée des classes, mais pas uniquement ! Depuis quelques années maintenant, cette période est également synonyme du début de la campagne vaccinale annuelle en officine. Nos pharmaciens se mobilisent d’ailleurs de plus en plus en faveur de la vaccination, comme en témoignent les dizaines de nouvelles pharmacies vaccinatrices qui participeront à cette campagne vaccinale 2025-2026.
Face à cet engouement au sein du secteur et de la profession, quelques enjeux demeurent.
Le rôle du pharmacien dans la politique vaccinale en Belgique s’affirme aujourd’hui comme un pilier incontournable de la santé publique, appelant à une pérennisation du droit de vacciner contre la grippe pour répondre aux enjeux sociétaux actuels. L’implication des pharmaciens, en termes de vaccination, démontre une évolution majeure du métier : le pharmacien sort progressivement de son rôle traditionnel de dispensateur de médicaments pour devenir pleinement un prestataire de soins de première ligne.
Pérenniser le droit de vacciner contre la grippe
Chaque année, la grippe saisonnière fait des victimes, fragilise nos aînés, augmente la pression sur nos hôpitaux pourtant déjà saturés. Accroitre la couverture vaccinale est en réel défi, mais comment y parvenir ? Une partie de la réponse est simple : en mobilisant pleinement nos pharmacies comme point d’accès immédiat, pratique et de confiance pour se faire vacciner. Si, depuis 2023, chaque citoyen belge peut se rendre en officine pour se faire vacciner et que ce droit a été prolongé jusqu’au 31 décembre 2025, il est urgent de rendre cette mesure pérenne et inscrite durablement dans la législation belge.
Il est temps de choisir. Et de choisir vite.
Nos voisins européens n’ont pas hésité. En France, au Portugal par exemple, et dans pas moins de 15 pays européens, les pharmaciens vaccinent massivement contre la grippe. Résultat : davantage de personnes protégées, des complications évitées, une confiance renforcée dans le système de santé. Et également, une complémentarité avec d’autres professionnels de la santé qui libère du temps médical, qui rapproche la prévention des citoyens et qui crée de véritables chaînes de coopération entre prestataires de soin.
Des chiffres qui plaident en faveur d’un élargissement des compétences vaccinales
A ce jour, on estime que des centaines de milliers de patients belge profitent désormais de la possibilité de se faire vacciner directement en pharmacie chaque année. La saison vaccinale 2024-2025 a montré une tendance à la hausse en matière de vaccination antigrippale en officine et ce, dans toutes les régions du pays[1]. Selon Sciensano, la grippe concerne en moyenne 500.000 personnes par an en Belgique (soit 2 à 8 % de la population), ce qui souligne l’importance du maintien et du renforcement de la vaccination antigrippale mais également l’élargissement à d’autres types de vaccination en officine comme les pneumocoques. Si la contribution des pharmaciens permet de fluidifier la campagne vaccinale, d’augmenter les taux de couverture et de répondre rapidement aux situations d’urgence ou d’épidémies, il serait navrant de s’en passer.
La pharmacie comme centre de santé
La disponibilité (24 heures sur 24 et 7 jours sur 7) et la délivrance d’un vaste assortiment de médicaments et de produits de santé de qualité constituent toujours la mission essentielle du pharmacien et de son équipe.
Au cours des dernières décennies, la pharmacie a, cependant, fortement évolué et poursuivi, dans le monde entier, sa transition vers davantage de soins pharmaceutiques. Le pharmacien évoluant d’un dispensateur de médicaments en un prestataire de soins. Durant la pandémie de coronavirus, les pharmaciens ont été mobilisés avec succès en tant que vaccinateurs et en offrant des services de testing dans nombre de pays d’Europe. Cet événement est révélateur de l’évolution des pharmacies en centres de santé pouvant offrir un large éventail de services de santé. Citons le pharmacien de référence, les programmes d’accompagnement du sevrage aux benzodiazépines, les BUM asthme et BPCO mais aussi la revue de la médication.
Retarder cette évolution, c’est condamner notre pays à rester en retrait.
Les officines intègrent ainsi ces services pharmaceutiques à valeur ajoutée qui placent le pharmacien au cœur des stratégies de santé publique. Ce modèle doit être soutenu et élargi, relevant du constat que le pharmacien est désormais un acteur incontournable de la politique de prévention et de la politique vaccinale, non pas en concurrence mais en complémentarité avec les autres prestataires de soins de première ligne.
Nous devons assumer une politique vaccinale moderne et inclusive, au sein de laquelle chaque professionnel de santé contribue à l’atteinte des objectifs de santé publique. Le pharmacien y a toute sa place. Retarder cette évolution, c’est condamner notre pays à rester en retrait. Avancer, c’est donner aux Belges un accès plus juste, plus simple et plus efficace à la prévention.
Il est temps de choisir. Et de choisir vite.
Bonne rentrée à toutes et tous et d’ores et déjà merci à nos équipes officinales pour leur implication dans cette campagne vaccinale, dans l’intérêt collectif !
[1] Farmaflux.