Le pharmacien

Les compléments alimentaires ont la cote, surtout dans les 'pharmacies en ligne'

Malgré les 'règles belges strictes', le marché des compléments alimentaires continue de croître

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Le chiffre d'affaires du marché belge des compléments alimentaires était d'environ 570 millions d'euros en 2024

Le secteur des compléments alimentaires est innovant et soumis à une réglementation complexe. La Fédération be-sup, anciennement Naredi, actualise constamment sa communication et souligne que la Belgique est l'un des marchés les plus strictement contrôlés au monde. Les contrôles sont même de plus en plus stricts: "La Belgique veut être un bon élève, le meilleur de la classe."

Tendance au commerce électronique

Le marché belge des compléments alimentaires continue de croître en 2024 et occupe une place de plus en plus importante dans le secteur de la santé et du bien-être. Selon des données récentes, les ventes annuelles s'élèvent désormais à environ 570 millions d'euros, soit une légère augmentation par rapport à 2023.

On observe notamment une tendance au commerce électronique, principalement par le biais de 'pharmacies en ligne', explique Valérie Vercammen, directrice générale de la fédération sectorielle be-sup. Cette fédération est membre de la Fevia et compte plus de 160 membres au total, des fournisseurs d'ingrédients aux distributeurs en passant par les fabricants. "Les consommateurs se sont habitués aux achats en ligne depuis la pandémie. Au début du pic d'inflation, il y a eu une hausse de prix, mais le secteur n'a pas osé la répercuter sur les consommateurs à ce moment-là", observe Vercammen.

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Depuis 2024, les prix augmentent progressivement

Depuis 2024, des hausses de prix progressives ont eu lieu, car les coûts des matières premières, du transport et de l'emballage ont continué d'augmenter. La concurrence des pharmacies en ligne, telles que Farmaline et Newpharma, exerce également une pression sur les prix. "Heureusement, nous constatons également une légère croissance en volume. En raison de la crise, on craignait un impact sur le pouvoir d'achat. Mais l'indexation des salaires a protégé les consommateurs".

Contrôle du marché

Les compléments alimentaires sont soumis à un contrôle strict avant et après leur mise sur le marché. Tout d'abord, il y a la notification: le contrôle complet effectué par le SPF Santé publique avant la mise sur le marché. "La notification est une exigence européenne, mais les États membres ont le choix de l'appliquer ou non. La plupart des pays l'appliquent. La Belgique vérifie si le complément alimentaire est conforme à la législation. Par exemple, si la composition est conforme à la législation concernant les quantités maximales autorisées."

"En outre, la législation FIC (Food Information for Consumers) est très importante: l'étiquette et l'emballage doivent répondre à toutes les exigences légales. La législation sur les allégations (NHCR) est également strictement contrôlée, dès la notification et également après la mise sur le marché par l'AFSCA (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire). Il est interdit d'écrire n'importe quoi sur l'étiquette. Les compléments alimentaires étant des denrées alimentaires, la GFL (General Food Law) s'applique également. Il faut produire avec un système d'autocontrôle et de BPF et respecter les règles en matière d'hygiène et de HACCP."

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Les compléments alimentaires sont soumis à des contrôles stricts avant et après la mise sur le marché

"Pour guider ses membres, Be-Sup a rédigé le guide sectoriel G-011, validé par l'AFSCA. Sur cette base, l'agence vérifie que tout est fait correctement." Vercammen: "Elle contrôle à la production, mais aussi dans les points de vente. Elle vérifie que le produit contient bien les ingrédients mentionnés sur la boîte. Les publicités sur les sites web et les réseaux sociaux sont également contrôlées. Certains considèrent que les différents contrôles sont trop stricts et qu'ils sont désavantageux sur le plan de la concurrence. Mais pour be-sup, ce contrôle strict est nécessaire pour garantir la sécurité et la qualité aux consommateurs."

Nutrivigilance

Depuis janvier 2024, la Nutrivigilance est en vigueur, lancée par le SPF Santé publique pour mieux identifier les effets secondaires indésirables. "Be-sup était la partie demandeuse afin de protéger encore mieux les consommateurs", explique Vercammen. "Nutrivigilance existe en France depuis plus de 11 ans. La déclaration des effets secondaires est désormais obligatoire et en vigueur pour les opérateurs, mais facultative pour les professionnels de la santé."

"Nous aurions préféré que ce soit obligatoire, car ils ont une meilleure vue sur le dossier du consommateur. Ce qui nous inquiète, c'est qu'il n'y a pas de méthodologie détaillée derrière. En France, on ne déclare les effets secondaires qu'à partir d'un certain niveau de gravité. Le SPF Santé publique dit qu'il faut déclarer tous les effets secondaires. Qui va gérer cela?", se demande Vercammen.

"Il y a un risque de recevoir tellement de rapports que le système ne peut plus être géré. Supposons que vous ayez mal à la tête en prenant un complément. Les maux de tête peuvent avoir de nombreuses causes. Comment déterminer le lien de causalité? Nous surveillons, par l'intermédiaire de nos membres, la manière dont le SPF applique ces principes dans la pratique. Si nous constatons des points faibles, nous les signalons", explique Vercammen.

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Pour guider ses membres, Be-Sup a rédigé le guide sectoriel G-011, validé par l'AFSCA

Le SPF Santé publique travaille actuellement à l'affinement des critères afin d'éviter d'inonder le système de déclarations non pertinentes, mais tout cela est un peu trop lent en raison des ressources limitées et de la complexité du dossier.

Les Belges ne mangent pas aussi sainement qu'on le pense

Les compléments alimentaires sont liés à la santé, mais à quel point les Belges sont-ils en bonne santé? Selon les résultats de la dernière enquête nationale sur la consommation alimentaire (2022-2023) de Sciensano, publiée en juin 2025, les Belges adultes boivent un peu moins de boissons sucrées et d'alcool et mangent un peu moins de viande rouge transformée. Cependant, le modèle alimentaire du Belge moyen est dramatique: seuls 7% des Belges atteignent la recommandation de 300 g de légumes par jour et 10% mangent suffisamment de fruits, seuls 12% consomment suffisamment de lait et de produits laitiers et seuls 6% consomment des produits céréaliers entiers.

Vercammen: "En France, les effets secondaires ne sont signalés qu'à partir d'un certain niveau de gravité. Le SPF Santé publique dit qu'il faut signaler tous les effets secondaires. Qui va gérer cela?"

En ce qui concerne les fruits et légumes, ce résultat est légèrement meilleur que celui de la précédente enquête sur la consommation alimentaire, qui datait de 2014-2016. À l'époque, elle montrait que seuls 5% des Belges mangeaient suffisamment de légumes et 9% suffisamment de fruits. En moyenne, les Belges se sont très légèrement améliorés, mais le score reste loin d'être suffisant. 

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Seuls 10% des Belges mangent suffisamment de fruits

"Les chiffres restent également alarmants en ce qui concerne l'apport en nutriments essentiels", observe  Vercammen. "70% des Belges ne consomment pas assez de folate (acide folique), 67% des Belges ne consomment pas assez de calcium, 63% des Belges présentent un risque de carence en vitamine b2 et 61% de la population présente un risque de carence en vitamine C. Au total, 57% des adultes sont confrontés à un risque accru pour leur santé, dont 35% dans la catégorie à haut risque."

L'obésité reste un problème. Vercammen: "On dit souvent: "Si vous mangez sainement, vous n'avez pas besoin de compléments". Be-sup ne cesse de répéter qu'une alimentation saine, équilibrée et variée est la première source de nutriments. Mais il y a une différence entre les efforts déployés et la façon dont les gens mangent réellement. Aux Pays-Bas, les chiffres sont un peu meilleurs, mais toujours problématiques."

"Selon une enquête du centre wallon d'innovation agroalimentaire Wagralim, les Belges savent ce qu'il faut faire pour vivre sainement, mais ne le font pas, notamment par manque de temps. On se tourne rapidement vers des produits préparés. Beaucoup de médecins ne sont pas au courant de ces chiffres alarmants et nous craignons qu'ils n'en évaluent pas la gravité", déclare Vercammen.

"De plus, lors de la pandémie de covid, nous avons constaté que beaucoup n'étaient pas conscients du rôle des compléments alimentaires dans l'immunité. Nous avons alors contacté des médecins qui passaient souvent à la télévision et nous avons entamé un dialogue. Il est urgent de mettre en place des politiques visant à améliorer l'étiquetage, des mesures concernant les prix et le marketing, ainsi que l'éducation, afin de rendre le choix le plus sain simple et attrayant."

Comment be-sup voit-il l'avenir? "De manière positive. Plus d'un demi-milliard d'euros de chiffre d'affaires, ce n'est pas mal pour un petit pays comme la Belgique. Nos entreprises recherchent des compléments innovants et exportent vers d'autres pays, y compris en dehors de l'Europe. Il y a là des possibilités de croissance", estime Vercammen.

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Écrit par Chris Craps7 octobre 2025

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